Jeudi 26 septembre 2019. L’incendie de l’usine Lubrizol classée Seveso seuil haut (appartenant à Warren Buffet, un des plus gros milliardaires du monde) sur la rive gauche de Rouen donne lieu à un immense nuage noir de 20km sur 6km de large. Porté par les vents au nord-est de la ville, il traverse le centre-ville de Rouen ainsi que des centaines de communes, en Seine maritime, dans le Nord, le Nord Pas-de-Calais et la Somme.
Devant les déclarations étatiques se voulant apaisantes mais ne donnant aucune réelle information sur la nature du nuage et sa toxicité, l’inquiétude est immense. Elle n’est pas arrangée par le silence médiatique qui s’installe au sujet de l’incendie, les chaînes d’infos préférant épiloguer sur la mort de Chirac. Celles et ceux qui le peuvent quittent la région pour le week-end voire pour plus longtemps pendant que les autres subissent le nuage ainsi que l’odeur et les suies qu’il transporte.
Le 28 septembre, 122 communes en Seine-Maritime sont concernées par un arrêté qui soumet à des « restrictions » la mise sur le marché de produits alimentaires d’origine végétale et animales.
Dès le week-end, deux rendez-vous sont organisés pour exiger des informations et l’action des pouvoirs publics.
Le lundi 30 septembre, quelques centaines de personnes s’invitent devant le bâtiment H2O où se tient l’audition du préfet par les élus de la métropole au sujet de l’accident. Les manifestant.e.s tentent d’en forcer l’entrée sans succès, celle-ci étant gardée par des vigiles. Derrière les portes, des policiers en tenue anti-émeute observent la foule. Les manifestant.e.s crient « On veut la vérité ».
Le lendemain, le 1er octobre, à l’appel de nombreuses organisations (syndicats, associations, ONG), des milliers de personnes sont présentes. Le cortège part du palais de justice en direction de la préfecture. Beaucoup de personnes sont masquées, du simple masque d’hôpital aux masques à gaz les plus imposants. On y entend « Préfet démission », « Lubrizol pollueur, État complice », « Lubrizol dégage » ou encore « On est là » le célèbre chant des Gilets Jaunes.
Les médias nationaux sont présents en nombre. La police aussi, qui protège le bâtiment. Une délégation de 10 représentants des organisations qui appelaient à la manifestation est reçue à la préfecture. Les gens qui ne peuvent pas rentrer décident de partir en manifestation sauvage dans le centre de Rouen. Les chants sont plus directs : « Travaille, respire et ferme ta gueule » ou encore « Lubrizol en feu le préfet au milieu ».
Le 12 octobre, une manifestation est appelée par la CGT. De la rue Jeanne D’arc, le cortège contourne le centre-ville derrière le camion syndical. Un groupe décide de ne pas s’arrêter au Théâtre des Arts avec la CGT mais de continuer jusqu’à la préfecture, ou le cortège se disperse après avoir été bloqué par la police.
VOLTé – 30/09/19, 01/10/19, 12/10/19 – ROUEN